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tre. Quelques jours après, des voleurs s’introduisirent dans la maison de Goez, lièrent Isaac, et, le poignard sur la gorge, l’empêchaient de crier. Heureusement Goez et Demetrius étant accourus au bruit, les brigands prirent la fuite.

Goez, en attendant le départ de la caravane, profita de son loisir pour aller à Khotan réclamer de la mère du khan le remboursement de la somme qu’il lui avait prêtée. Cette ville est à dix journées de route d’Yerkend. Comme le missionnaire ne pût être de retour avant un mois, les Mahométans répandirent le bruit qu’il avait été tué pour avoir refusé d’invoquer le nom du prophète ; et sur cette fausse nouvelle ils voulaient s’approprier tous ses biens, parce qu’il était mort intestat et sans laisser d’héritier. Isaac et Demetrius eurent beaucoup de peine à défendre les droits de Goez, qui vint lui-même les tirer d’embarras, et mettre un terme à la douleur que leur avait causée la nouvelle de sa mort. Il revenait en bonne santé, après avoir reçu en paiement une forte quantité de jaspe. Pour rendre grâces à Dieu de ce bon succès, il fit distribuer d’abondantes aumônes aux pauvres, ce qu’il continua durant son séjour.

Cependant de nouveaux périls le menacèrent. Un jour qu’il dînait avec des Mahométans, il vit entrer un homme armé, qui, d’un air furieux, lui mit son épée sur la poitrine, en le pressant d’invoquer le nom de Mahomet. Goez répondit froidement et avec une présence d’esprit merveilleuse, que, ce nom n’étant pas