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Cosaques, de Kalmouks et d’autres nations aussi sauvages, qui, vivant de pillage sans autre paie, servent à garder ou à étendre les frontières de l’empire, à repousser les Tartares, à lever des tributs sur des peuples sauvages. C’est ce qu’on appelle les troupes du gouvernement : ce sont pourtant les moins dispendieuses. Toutes les troupes, soit du gouvernement, soit de la nation, coûtent 32,000,000 de livres, y compris la dépense de la marine. Cependant chaque soldat n’a que dix- huit deniers de paie ; le surplus est fourni en subsistances par les provinces où les troupes passent ou séjournent.

Malgré le mot du roi de Prusse, que les Russes sont plus difficiles à tuer qu’à vaincre, leur infanterie est très-bien disciplinée ; leur artillerie est nombreuse et très-bien servie, et c’est ce qui fait la force des armées : grand avantage dans la tactique moderne.

Ainsi, quoique Chappe prétende, par le résumé qu’il fait des ressources de la Russie, rabattre beaucoup de l’opinion qu’on a des forces de cette puissance, il résulte que, dans l’état actuel de l’Europe, elle est très-redoutable pour ses voisins. Elle semble intéressée à faire la guerre, pouvant gagner, des pays riches, et n’ayant rien à perdre que des déserts ; elle a beaucoup de soldats, que l’amour du pillage enhardira tôt ou tard à vaincre ; et la rigueur de son climat semble pousser ses habitans vers des contrées plus douces. Elle a