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Jeune, aimable, adorée, elle passe tout à coup du sein des délices et des faveurs de la cour dans les mains des bourreaux. Au milieu d’une populace assemblée dans la place des exécutions, on lui arrache un voile qui lui couvrait le sein ; on la dépouille de ses habits jusqu’à mi-corps. Un de ses bourreaux la prend par les bras et l’enlève sur son dos, qu’il courbe pour exposer cette victime aux coups. Un autre s’arme d’un knout ; c’est un fouet fait d’une longue et large courroie de cuir. Ce barbare lui enlève à chaque coup un morceau de chair, depuis le cou jusqu’à la ceinture. Toute sa peau n’est bientôt qu’une découpure de lambeaux sanglans et pendans sur son corps. Dans cet état, on lui arrache la langue, et la coupable est envoyée en Sibérie.

Ce n’est là que le supplice ordinaire du knout, qui ne déshonore point, parce qu’il tombe sur les premières têtes à la moindre intrigue de cour où le despote croit sa personne offensée.

Le grand knout, réservé pour le supplice des véritables crimes qui attaquent la société, a des apprêts plus terribles encore. On enlève le criminel en l’air par le moyen d’une poulie fixée à une potence ; ses deux poignets sont attachés à la corde qui le suspend ; ses deux pieds sont également liés ensemble, et l’on passe entre les jambes du patient une poutre qui sert à lui disloquer tous les membres. On frémit de transcrire ces horreurs. Nations po-