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nales, rien ne peut mieux faire connaître les mœurs russes que les supplices dont leur législation est armée, moins pour le maintien de la société que pour l’impunité du gouvernement. Un article de Chappe sur cet important objet mérite d’être rapporté tout entier.

À peine Pierre 1er. eut achevé son code des lois, en 1722, qu’il défendit à tous les juges de s’en écarter, sous peine de mort. Cette même peine tombait sur les juges qui recevraient des épices, sur les gens en place qui accepteraient des présens. Mœns de La Croix, chambellan de l’impératrice Catherine, et sa sœur, dame d’atour de cette souveraine, ayant été convaincus d’avoir reçu des présens, Mœns fut condamné à perdre la tête, et sa sœur, favorite de l’impératrice, à recevoir onze coups de knout. Les deux fils de cette dame, l’un chambellan et l’autre page, furent dégradés et envoyés en qualité de simples soldats dans l’armée de Perse ; mais la sévérité des lois de Pierre-le-Grand contre les prévaricateurs a fini avec lui. Toutes les provinces de l’empire ont des chancelleries. Ce sont des tribunaux de justice qui relèvent du sénat de la capitale. « J’ai vu, dit Chappe, que, dans toutes les chancelleries éloignées, la justice se vendait presque publiquement, et que l’innocent pauvre était presque toujours sacrifié au criminel opulent. »

Les supplices, depuis l’avènement de l’impératrice Élisabeth au trône de Russie, sont réduits à ceux des batogues et du knout.