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gracieux, parce qu’il lui fit présent d’une montre, d’un miroir et d’autres marchandises d’Europe. Le roi se déclara aussitôt le protecteur de Goez, qui pourtant ne lui parla pas d’abord de son dessein de pénétrer au Catay, et le pria seulement de lui donner un passe-port pour le royaume de Kialis, situé à l’orient d’Yerkend. Le roi lui accorda sa demande, principalement à la sollicitation du fils de la princesse que Goez avait eu occasion d’obliger à Caboul. Grâces à son caractère insinuant, Goez contracta une étroite amitié avec plusieurs personnes de la cour.

Il était depuis six mois à Yerkend lorsqu’il vit arriver Demetrius, un des deux Grecs qui l’avaient quitté à Caboul. Goez et Isaac ressentirent une joie extrême de le revoir ; mais cette satisfaction fut de bien courte durée : les marchands avec lesquels Demetrius avait voyagé élurent entre eux, avec la permission du roi, un chef auquel ils donnèrent le titre d’empereur : c’était un usage établi depuis long-temps. On avait certains égards pour ce chef, et on lui faisait un présent. Demetrius, pour éviter la dépense, refusa de rien donner ; aussitôt grand bruit parmi les marchands, qui voulaient faire un mauvais parti à Demetrius ; car cet empereur a le droit d’envoyer en prison ou d’infliger un châtiment aux mutins. Goez, par sa prudence et par un petit présent, tira Demetrius de ce mauvais pas.

Un accident en amène fréquemment un au-