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ont resserré les liens de l’esclavage. Le noble qui sert à la guerre, le jeune homme élevé dans les écoles ou les ateliers, y sont sujets au châtiment des esclaves, et ils en retiennent la condition.

Les successeurs de Pierre 1er. ont suivi son plan, attiré des savans, fondé des établissemens, donné des maîtres habiles, excité et favorisé les talens.

Les Russes, dit-il, ont peu d’imagination, mais un talent particulier pour imiter. On fait en Russie un serrurier, un maçon, un menuisier, comme on fait ailleurs un soldat. Il y a des ouvriers dans tous les régimens, et l’on décide à la taille ceux qui sont propres à des métiers. Ce talent pour l’imitation prouve que le peuple est susceptible de la perfectibilité que les arts peuvent donner à l’espèce humaine ; mais le gouvernement s’y oppose. Le despotisme détruit en Russie l’esprit, le talent et tout sentiment noble. L’on y voit les artistes enchaînés à leurs établis, …. et c’est avec de pareils ouvriers que les Russes s’imaginent pouvoir contrefaire les étoffes de Lyon. Le gouvernement a cependant ordonné que ceux qui se distingueraient dans les écoles ne seraient plus esclaves de leurs seigneurs, mais enfans de l’état. Qu’en est-il arrivé ? les seigneurs n’envoient plus leurs esclaves aux écoles, ou bien ils trouvent le moyen d’éluder la loi.

Si l’on doit juger du caractère d’une nation et de l’état de sa police par ses lois pé-