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autres y ont beaucoup de confiance, non-seulement parce qu’ils sont ignorans et barbares, mais parce qu’ils sont chasseurs. En général, tous les hommes qui tentent le sort et qui ont à espérer ou à craindre, les navigateurs, les pêcheurs, les chasseurs, les joueurs, les conquérans mêmes, sont très-superstitieux.

Chappe observa à Tobolsk une nuée de sauterelles, espèce de fléau qu’il semble qu’on ne doive trouver que dans la zone torride : ce fut le 2 juillet 1761 qu’il fit cette observation. Ces insectes formaient une colonne de cinq cents toises de largeur sur une hauteur de cinq toises. Elle commença à paraître à huit heures du matin, et son passage dura jusqu’à une heure du soir ; elle suivait les bords de l’Yrtich du nord au sud. L’auteur s’assura, par plusieurs épreuves réitérées, que cette colonne parcourait vingt toises en neuf secondes, et trois lieues et demie par heures. Ainsi, puisque le passage de cette colonne avait été de cinq heures, l’espace qu’elle occupait devait être au moins de dix-sept lieues dans sa longueur. Du reste, ces sauterelles ressemblaient, parfaitement à celles de France.

Après ce léger coup d’œil sur les animaux de Sibérie, l’auteur revient aux hommes de la Russie, et il considère l’état de l’esprit humain, c’est-à-dire des arts et des sciences. En traçant d’un crayon rapide les efforts et les travaux du czar Pierre pour délivrer son peuple de l’ignorance, il dit que les lois, mêmes de ce prince