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On porte toutes les zibelines au conducteur général de la chasse. Si l’on craint les Tongouses, ou d’autres peuples sauvages, qui viennent quelquefois enlever ces proies à force ouverte, on met les peaux dans des troncs verts qu’on fend et creuse exprès : on en bouche les extrémités avec de la neige, où l’on jette quelquefois de l’eau pour les faire geler plus tôt. On cache ces troncs dans la neige, autour des huttes où l’on a fait halte ; et quand la caravane s’en retourne, on reprend les peaux.

Dès que la moitié de la bande est revenue des provisions, on y renvoie l’autre moitié, qui fait comme la première. Si les zibelines ne se prennent pas d’elles-mêmes dans les piéges, on a recours aux filets. Quand le chasseur a trouvé la trace d’un de ces animaux, il la suit jusqu’au terrier où la zibeline est entrée ; il y allume du bois pouri à la bouche de tous les trous, pour que la fumée oblige l’animal de sortir ; il tend son filet autour de l’endroit où la trace finit, et de suite se tient deux ou trois jours aux aguets avec son chien. Quand la zibeline sort, elle se prend ordinairement dans le filet, qui a trente toises de long, sur quatre ou cinq pieds de large. La zibeline faisant des efforts pour se dépêtrer du filet, ébranle une corde où sont attachées deux sonnettes qui avertissent le chasseur : celui-ci lâche son chien, qui court étrangler la proie.

On n’enfume pas les terriers qui n’ont qu’une issue, parce que la zibeline, qui craint la fumée,