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peut y avoir dans chaque canton quatre-vingts piéges ; chaque chasseur en dresse vingt par jour ; voici comment : « On choisit un petit espace auprès des arbres ; on l’entoure de pieux pointus à une certaine hauteur, on le couvre de petites planches, afin que la neige ne tombe pas dedans ; on y laisse une entrée fort étroite, au-dessus de laquelle est placée une poutre qui n’est suspendue que par un léger morceau de bois ; et sitôt que la zibeline y touche pour prendre le morceau de viande ou de poisson qu’on a mis pour l’amorcer, la bascule tombe et la tue. »

Quelquefois on tend deux piéges autour du même arbre, mais non du même côté.

Après qu’on a fait dix haltes, le chef de chaque bande envoie la moitié de ses gens pour chercher les provisions qu’on a laissées au premier rendez-vous, ou campement général. Comme ils vont avec des traîneaux vides, ils passent cinq ou six haltes en un jour. Ils reviennent chacun avec six poudes de farine, un quart de poude d’amorces, qui consistent en viande ou en poisson. À leur retour, ils visitent les piéges de chaque halte pour les nettoyer, s’ils sont couverts de neige, ou pour ramasser les zibelines qui s’y trouvent prises.

On dépouille les zibelines, et le chef de la bande est seul chargé de cet office. Quand elles sont gelées, il les met dans son lit pour les faire dégeler sous sa couverture ; ensuite il les écorche en présence des autres chasseurs.