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La propreté est rare chez les femmes de Tobolsk ; elles ne changent pas souvent de linge. En Sibérie, comme en Italie, les lits n’ont point de rideaux, et au lieu de traversins on y voit sept à huit oreillers. Les hommes sont extrêmement jaloux de leurs femmes à Tobolsk ; cependant ils restent peu avec elles : les maris s’enivrent, et les femmes s’ennuient chez elles. On croirait que le climat dût refroidir leurs sens ; cependant on dit que, plus livrées à la débauche qu’à l’intrigue, elles demandent à leurs esclaves ce que l’ivrognerie de leur maris leur refuse.

Dans les grands repas qui se donnent entre parens pour fêter le saint de la famille, on invite les hommes et les femmes ; mais les deux sexes ne sont pas à la même table, ni dans le même appartement. On sert tous les mets à la fois ; le potage est composé de tranches de viande au lieu de pain. Le silence n’est interrompu que par les santés : elles se portent presque toutes à la fois par les convives, qui se lèvent, crient, boivent, se coudoient, renversent leur boisson, et s’enivrent tous ensemble ; mais cet inconvénient a des suites moins funestes pour eux que le scorbut, qu’ils se communiquent par l’usage qu’ils ont de boire tour à tour dans une grande coupe d’un demi-pied, soit de diamètre, soit de hauteur. Au sortir de cette table, on passe dans un autre appartement où l’on trouve un buffet couvert de confitures de la Chine, et des hommes qui présentent de l’hydromel, de