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un nouveau rapport. Cette contrée forme un plan incliné depuis la mer Glaciale jusque vers les frontières de la Chine, où le terrain est plus élevé, parce que des chaînes de montagnes y séparent ces deux empires. Le soleil, situé vers l’horizon de ces montagnes, ne peut donc, lorsqu’il éclaire cet hémisphère, échauffer que faiblement ce terrain incliné. Ses rayons ne font qu’effleurer la surface du globe. La combinaison de ces différentes causes démontre parfaitement que cette contrée doit être très-froide.

Chappe ne pouvait rendre compte de son voyage en Sibérie sans parler de la Russie, à laquelle appartient cet immense désert. Quoique cet empire ait des liaisons avec l’Europe, il est cependant assez loin de nous, et en partie assez sauvage et assez mal connu pour n’être pas exclu de l’Histoire des Voyages, qui jusqu’ici n’a guère représenté que les pays séparés de notre continent par de vaste mers.

Les évêques et les moines, dit-il, jouissent en Russie de toutes les richesses du clergé. Les prêtres sont très-pauvres et sans considération. Les évêques nomment aux bénéfices, qui sont amovibles, au gré du caprice de ces prélats. Aussi les prêtres ne forment plus qu’un corps de vils esclaves, toujours aux genoux des évêques. Les moines sont leurs supérieurs. « L’ignorance, l’ivrognerie et la débauche sont l’apanage du clergé de Russie. Les évêques et les prêtres sont les moins déréglés : les pre-