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frontières de la Sibérie et de la Chine, sous le parallèle de Paris, où le plus grand froid de 1709 fut de 15 degrés un quart : telle est la prodigieuse différence des climats.

À Astrakhan, sous la latitude de 46 degrés 15 minutes, le froid du 16 janvier 1746 fit descendre le thermomètre de Réaumur à 24 degrés et demi ; mais ce qu’il y a de singulier, c’est que pendant qu’on éprouvait ce froid rigoureux à Astrakhan, l’hiver était très-doux dans les parties boréales de l’Europe. Le froid n’est pas aussi vif vers l’occident de la Russie qu’à l’orient de la Sibérie. Le thermomètre de Réaumur ne descend que de 17 à 30 degrés à Pétersbourg ; mais Moscou, quoique plus méridional de 4 degrés, éprouve des froids aussi rigoureux : l’eau qu’on y jette en l’air retombe souvent en glace. Cependant la moitié de la Sibérie est d’une terre noire, grasse, et propre à produire du blé, si l’été y était assez long pour le faire mûrir. L’autre moitié, depuis la ville d’Ilimsk jusqu’à la mer orientale, est inculte, aride et déserte. En général, la Sibérie confirme l’observation reçue, « que plus on avance vers l’est sous le même parallèle, en partant d’Europe, et plus le froid augmente. On a cru trouver, dit Chappe, la cause principale de ce phénomène en Sibérie dans la prodigieuse hauteur qu’on a supposée au terrain de cette contrée, et dans la quantité de sel qu’on y trouve. La disposition du terrain de la Sibérie a encore été envisagée sous