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cit, s’entr’ouvre et disparaît. Cependant tous les habitans s’étaient enfermés dans les églises, ou dans leurs maisons, à l’approche d’un phénomène qu’ils n’auraient osé ni même su voir. L’astronome avait transporté ses instrumens hors de l’observatoire pour les mouvoir plus facilement. « J’aperçus bientôt, dit-il, un des bords du soleil ; c’était le temps où vénus devait entrer sur cet astre, mais vers le bord opposé : ce bord était encore dans les images….. : ils se dissipent ; enfin j’aperçois vénus déjà entrée sur le soleil, et je me dispose à observer la phase essentielle, l’entrée totale….. J’observe enfin cette phase, et un avertissement intérieur m’assure de l’exactitude de mon opération. On peut goûter quelquefois des plaisirs aussi vifs ; mais je jouis en ce moment de celui de mon observation, et de l’espérance qu’après ma mort la postérité jouira encore de l’avantage qui en doit résulter. »

C’est là sans doute de l’enthousiasme ; mais n’en faut-il pas avoir pour acheter par le sacrifice de son repos, et par le risque de sa vie ou de sa santé, un moment de contemplation ? Tant d’erreurs font parcourir le globe ; la vérité seule n’aura-t-elle pas le droit d’échauffer les âmes jusqu’à l’oubli des périls ? Des armées innombrables, des sociétés entières se dévouent à la mort, et pourquoi ?…. L’amour de la vérité ne tient-il donc pas à l’amour de la patrie, ou plutôt au bonheur de l’humanité ? Plaignons les peuples qui se laissent passionner pour l’ambi-