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hôtes, qui avaient fait préparer le bain durant la nuit, exprès pour lui. « Je me déshabillai promptement, poursuit-il, et me trouvai dans une petite chambre carrée : elle était si échauffée par un poêle, que dans l’instant je fus tout en sueur. On voyait à côté de ce poêle une espèce de lit de bois, élevé d’environ quatre pieds : on y montait par des degrés. La légèreté de la matière du feu est cause que l’atmosphère est excessivement échauffée vers la partie supérieure de l’appartement, tandis qu’elle l’est peu sur le plancher ; de façon que par le moyen de ces escaliers, on se prépare par degrés à la chaleur qu’on doit éprouver sur le lit. » Le voyageur qui n’était pas prévenu sur toutes ces précautions, voulut monter d’abord à l’endroit le plus élevé, pour être plus tôt quitte des bains ; mais il ne put supporter la chaleur qu’il sentit à la plante des pieds. On jeta de l’eau froide sur le plancher ; elle s’évapora à l’instant. En quelques minutes, son thermomètre monta à 60 degrés. La chaleur lui portant à la tête, il en eut un violent mal de cœur : on le fit asseoir ; il roula au bas de ce lit de bois, avec son thermomètre qui fut brisé de sa chute. Dès qu’il eut repris ses sens, il regagna son logement, enveloppé dans sa fourrure. On lui fit prendre une jatte de thé pour le faire suer.

Ces bains se pratiquent dans toute la Russie ; on les prend deux fois par semaine ; presque tous les particuliers en ont dans leurs maisons ;