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observer, comme lui, le passage de vénus. Ils étaient tous en marche depuis un mois. L’académicien français avait encore huit cents lieues à faire avec des vivres, des ustensiles, et même des lits. On craignait que la fonte des neiges ne l’empêchât d’arriver. On lui proposa d’aller faire son observation en quelque endroit plus accessible et moins éloigné. Il n’y en avait point, dit-il, où la durée du passage de vénus sur le soleil fut plus courte qu’à Tobolsk, avantage inestimable pour l’objet de son observation. Il insista donc pour suivre sa route, et partit le 10 mars avec un bas-officier pour escorte, un interprète pour la langue, et un horloger pour raccommoder les pendules en cas d’accident.

La première chose qui frappe le voyageur au sortir de Pétersboug, est de voir des petits enfans tout nus jouer sur la neige par un froid très-rigoureux ; mais on les y endurcit ainsi pour qu’ils n’en soient jamais incommodés, et qu’ils passent alternativement des poêles au grand air sans aucun risque.

Chappe arrive au bout de quatre jours à Moscou. Quoiqu’il y ait deux cents lieues de cette ville à Pétersbourg, on fait souvent cette route en deux jours ; mais les traîneaux de l’académicien s’étaient rompus dans les mauvais chemins : il en commanda de nouveaux. Ils pouvaient retarder son départ ; il prit des traîneaux de paysans, qui furent d’abord arrangés, et il signifia à ses compagnons de voyage,