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à Strahlenberg la réponse que nous avons rapportée.

Les approches de la mort leur causent si peu de frayeur et d’inquiétude, que ni les remèdes propres à l’éloigner, ni les moyens de prévenir la maladie ne sont chez eux l’objet des moindres recherches ni des moindres soins.

L’excessive malpropreté dans laquelle ils vivent, les viandes crues et les insectes dont ils se nourrissent leur causent des maladies scorbutiques, ou des éruptions cutanées semblables à la lèpre, et si terribles, qu’on peut dire qu’ils pourissent tout vivans. Cet amour de la vie, que la nature a gravé si profondément dans tous les hommes pour les rendre attentifs à leur conservation, cette horreur, qui fait reculer toutes les créatures devant tout ce qui peut tendre à leur destruction, n’entrent point dans l’âme d’un Ostiak. Leur survient-il un ulcère au visage, à un bras, à une jambe, ou à quelque autre partie du corps, ils n’y font pas la moindre attention ; ils voient tranquillement cet ulcère faire des progrès, s’étendre, et ronger petit à petit les autres parties du corps ; ils voient leurs membres tout pouris se séparer du tronc les uns après les autres, sans marquer aucune douleur, sans jeter aucune plainte.

Ils montrent une insensibilité, une résignation apathique que l’on trouve à peine dans les animaux les plus stupides, et qui doit d’autant plus surprendre, qu’elle n’est pas l’effet