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voir à leur subsistance ne vienne les en tirer.

L’art de mesurer le temps et de compter les années est absolument ignoré de ces peuples : les neiges leur servent de calendriers. Comme il neige long-temps et régulièrement chaque hiver, mais que dans l’été toutes les neiges disparaissent, ils disent je suis âgé de tant de neiges, comme nous disons ; j’ai tant d’années. Au reste, cette manière de parler se trouve parmi tous les peuples qui habitent les cantons septentrionaux de la Sibérie.

Le plus grand effort de prévoyance que paraissent faire les Ostiaks, c’est de ramasser en été quelques provisions pour l’hiver ; encore est-il assez probable qu’ils ne prennent cette précaution que parce qu’ils l’ont vu prendre à leurs ancêtres, non par une prudence raisonnée, ni par des vues sur l'avenir.

À l’égard du présent, disent-ils, nous voyons beaucoup de Russes qui, malgré les peines qu’ils se donnent, quoiqu’ils s’épuisent à travailler et qu’ils prétendent avoir une religion toute divine, ne laissent pas d’être plus malheureux que nous. Quant à l’avenir, il est si incertain, que nous nous en reposons sur les coins de celui qui nous a créés.

Les Ostiaks n’ayant que fort peu de besoins, le commerce qu’ils font est très-médiocre. Il se réduit à échanger des pelleteries contre du pain, du tabac, de la verroterie, des ustensiles et des outils de fer, tels que des haches, des clous, des couteaux, etc.