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vert d’écume et de sérosités qui distillent des yeux, de la bouche et du nez : on croirait voir un épileptique dans les convulsions.

Quelquefois ces malheureux sont les victimes de cette étrange façon de fumer. Les uns en sont suffoqués ou tombent en défaillance ; d’autres, se trouvant alors sur le bord d’une rivière, d’un lac ou près du feu, se noient ou se brûlent.

Les femmes accoutument de bonne heure leurs enfans à fumer ; et il semble que cette habitude pourrait leur être utile en effet, si elle était modérée, en ce qu’elle leur tient lieu de médecine, en opérant l’évacuation des humeur que produisent abondamment en eux le poisson cru et la mauvaise nourriture dont ils font usage. Quoique, généralement parlant, la propreté paraisse inconnue aux Ostiaks, et que tout l’extérieur des femmes n’inspire que le dégoût, elles ont cependant un soin particulier de se tenir le corps propre. Elles portent en tout temps sur elle, avec une ceinture de la même forme que celle que la jalousie a fait inventer aux maris de certains contrées de l’Europe, un petit paquet composé de filets de l’écorce la plus mince du saule : cette matière absorbe toute l’humidité, toute espèce de transpiration. Chaque fois que des besoins naturels les obligent de déranger la ceinture, elles mettent un nouveau paquet d’écorce, et elles en ont toujours une provision avec elles, surtout dans les temps critiques.