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Il y avait alors à Caboul une princesse, sœur du roi de Cachegar et mère du roi de Kothan. Elle revenait de la Mecque, où elle était allée en pélerinage. L’argent commençait à lui manquer pour continuer sa route : elle proposa à des marchands de lui en prêter, leur promettant de le leur rendre avec les intérêts quand ils seraient arrivés dans le royaume de son frère, qu’il fallait nécessairement traverser pour arriver à Catay. Goez jugea qu’il ne devait pas laisser perdre l’occasion d’obliger la sœur d’un roi qui pouvait lui rendre service, car il prévoyait que bientôt les passe-ports du grand Mogol ne lui serviraient plus à rien. En conséquence, il lui prêta six cents écus, et refusa de stipuler aucun intérêt dans l’obligation qu’elle lui remit. Charmée de cette générosité, la princesse lui en témoigna sa reconnaissance quand elle fut arrivée chez son fils.

Les Grecs quittèrent Goez à Caboul. La caravane s’étant grossie de plusieurs marchands, il sentit ranimer son courage, et partit avec Isaac. La première ville qu’on trouva fut Giaracar, où il y a du fer en abondance. Jusqu’alors le sceau d’Akbar avait exempté le missionnaire du paiement des droits ; mais sur ces derniers confins de l’empire du Mogol, la signature de l’empereur n’était plus autant respectée. Goez éprouva beaucoup de tracasseries. Dix jours après on arriva à Parouam, dernière ville des états du Mogol. On traversa ensuite de hautes montagnes dans le pays d’Aingha-