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toutes les personnes qu’on lui avait données pour l’accompagner, il ne garda que deux Grecs ; il prit un Arménien nommé Isaac, dont la fidélité fut inébranlable, et se mit en route en 1603, dans le temps du carême. En un mois, on arriva sous les murs d’Attok, qui appartenait à la province de Lahor ; quinze jours après, on passa en bateaux une rivière large d’une portée de flèche, le Sindh ; on s’y arrêta quinze jours, à cause des brigands qui infestaient les chemins ; puis, deux mois de marche conduisirent la caravane à Passaour, où elle prit vingt jours de repos. C’est Peischaouer, ville qui relève aujourd’hui du royaume de Caboul ; on fit vingt-cinq journées au pied des montagnes, jusqu’à Ghideli, où les marchands paient un droit. Les voleurs tenaient la caravane dans un état d’alarmes continuelles : malgré la vigilance de l’escorte, ils l’attaquèrent plusieurs fois avec tant de furie, que plusieurs marchands furent blessés, et n’eurent pas moins de peine à sauver leur vie que leurs marchandises. Goez fut obligé de se mettre à couvert dans les bois.

Vingt journées plus loin, on entra dans Cuboul, grande ville, et marché fameux qui est dans les états du Mongol ; c’est maintenant la capitale d’un royaume particulier : on s’arrêta huit jours dans cette ville, parce que plusieurs marchands perdirent l’envie d’aller plus loin, et que les autres, se voyant en si petit nombre, balançaient s’il devaient courir le hasard de poursuivre leur voyage.