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» On croira sans peine que la manière de vivre de ces peuples doit être conforme à la simplicité de leurs notions, et à la stérilité du pays qu’ils habitent. Quoique plusieurs auteurs assurent que les Samoïèdes ont des princes, des juges, ou maîtres auxquels ils obéissent avec beaucoup de soumission, il est certain qu’ils n’en ont jamais connu, et qu’actuellement il n’en existe point parmi eux. Ils paient sans répugnance le tribut qui leur est imposé en pelleteries, sans connaître d’autre sujétion envers le souverain. Ils se soumettent à ce paiement de bon gré, parce qu’ils ont vu pratiquer la même chose à leurs pères, et qu’ils savent qu’en cas de refus on saurait bien les y forcer.

» Au reste, ils sont parfaitement indépendans les uns des autres, et s’ils ont quelque déférence, ce n’est que pour les plus vieux de chaque famille, et pour les kœdesnicks, dont ils prennent quelquefois les conseils, sans que cela les engage jamais à se soumettre à eux.

» Quand on dit que les rennes sont les seules richesses des Samoïèdes, il faut supposer qu’ils ne connaissent point l’usage des monnaies, et la différence qu’il y a entre le prix et la valeur des métaux, à l’exception de quelques-uns qui habitent dans le voisinage des Russes, dont ils peuvent avoir appris cette distinction. Ils se servent de leurs rennes pour l’achat des filles dont ils font leurs femmes ; mais quoiqu’en convenant du prix avec leurs pères, il