Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils contractent par rapport au choix de leurs femmes leur tient lieu de principe, et les fait agir conséquemment, sans même le savoir.

» Leurs sens et leurs facultés sont dans une juste combinaison avec leur façon d’être et d’exister. Ils ont la vue perçante, l’ouïe très-fine, et la main sûre ; ils tirent de l’arc avec une justesse admirable, et sont d’une légèreté extraordinaire à la course. Toutes ces qualités, qui leur sont naturelles et d’une nécessité absolue pour pourvoir à leurs besoins, ont été perfectionnées par un exercice continuel. Ils ont au contraire le goût grossier, l’odorat faible, le tact émoussé ; ce qui vient de ce que les objets qui les environnent sont de nature à ne pouvoir produire aucune sensation délicate.

» On conçoit aisément que l’ambition et l’intérêt, ces deux grands ressorts qui mettent en mouvement tout le genre humain, et qui sont dans la société les mobiles de toutes les actions, bonnes ou mauvaises, ainsi que de tous les vices qui marchent à la suite, comme l’envie, la dissimulation, les intrigues, les injures, les desseins de vengeance, la médisance, la calomnie, le mensonge, n’entrent pour rien dans le système moral de ces peuples ; au moins est-il certain que leur langue manque de termes pour exprimer ces différens vices, qui font tant de ravage dans les sociétés les plus policées.