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qui les intéresse, et ils végètent tranquillement en s’amusant à leur manière étalés sur des peaux de rennes étendues autour du feu dans leur cabane. Les douceurs de l’oisiveté tiennent lieu de toutes les passions à ces peuples, et la nécessité seule peut les tirer de cette vie inactive. Cet amour de l’oisiveté est un des traits principaux auxquels on reconnaît l’homme sauvage abandonné à la nature.

» La chasse en hiver, et la pêche en été, leur fournissent abondamment la nourriture nécessaire : ils sont également habiles à ces deux exercices ; et comme les rennes sont toutes leurs richesses, ils tâchent d’en prendre et d’en entretenir en aussi grand nombre qu’ils peuvent. Ces animaux conviennent d’autant mieux à la paresse naturelle de ces peuples, que leur entretien ne demande aucun soin, et qu’ils cherchent eux-mêmes sous la neige la mousse dont ils se nourrissent. D’ailleurs, quelque espèce d’animal qu’ils prennent à la chasse, ils le jugent propre à leur nourriture, et ne répugnent pas de faire le même usage des cadavres des animaux qu’ils trouvent morts. Quelque révoltant que nous paraisse ce goût des Samoïèdes, ils ne sont pourtant pas en cela, plus sauvages que les Chinois, qui, comme on sait, tout polis, tout civilisés qu’ils sont, s’accommodent aussi de charognes.

» Les Samoïèdes exceptent pourtant du nombre des animaux qu’ils mangent les chiens, les chats, l’hermine et l’écureuil, sans que