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dans sa maison un goulu, pour son plaisir, le fit un jour jeter dans l’eau, et lâcha deux chiens après lui. Le goulu en saisit un par la tête, le plongea dans l’eau, et l’y tint jusqu’à ce qu’il fut noyé. Il alla sur-le-champ à l’autre, qui certainement aurait eu le même sort, sans un gros morceau de bois qu’un des assistans jeta du bord de l’eau entre les deux bêtes, ce qui donna de l’embarras au goulu, et au chien le temps de se sauver. La façon dont le goulu s’embusque pour attraper les bêtes dont il se nourrit est confirmée par tous les chasseurs, avec cette seule différence que, selon quelques-uns, le goulu saute d’entre les arbres sur le dos de l’animal, et que, le tenant une fois par le cou, il en est bientôt le maître. À l’égard des cerfs, on assure qu’il n’en attaque guère au-dessous ni au-dessus d’un an. Il préfère le renne et le porte-musc ; mais il dévore également toute espèce d’animal vivant ou mort.

Gmelin questionna souvent des gens qui passaient les jours et les nuits parmi les bêtes sauvages, pour savoir d’eux s’il est bien vrai que le glouton se mette entre deux arbres fort serrés, pour faire sortir par la pression, les excréméns qui le surchargent, et faire place à de nouvelle nourriture : personne n’a pu lui confirmer ce fait, qui a bien l’air d’une fable.

Gmelin, à son retour à Krasnoyarsk, trouva une lettre d’Irkoutsk contenant la relation d’un affreux tremblement de terre arrivé le 6 décembre 1737, dans le pays des Kouriles et dans