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distinctement tout entier. On pouvait hardiment regarder cet astre sans en être ébloui : les rayons ne commençaient à se rendre bien sensible qu’à plus de minuit passé. Toute la troupe des voyageurs ne put s’empêcher, dit Gmelin, de célébrer ce magnifique spectacle, que personne d’eux n’avait vu, et que, selon toutes les apparences, ils ne devaient jamais revoir. On se mit à table dans la rue, le visage tourné au nord ; tout le monde fixait le soleil sans en détourner un instant les yeux, et l’on changeait de situation à mesure que cet astre avançait. On jouit de ce rare spectacle jusqu’au moment où les rayons du soleil, qui prenait insensiblement de la force, devenus trop vifs, ne pouvaient plus qu’incommoder.

Gmelin ayant avec lui un interprète fort versé dans les différent idiomes des Tartares, voulut avoir une idée de la musique et de la poésie de ces peuples. Après avoir fait chanter devant lui quelques chansons des Bratskis et des Katchinzis, des Kamachinzis et des Kotovzis, il en fit noter une de chaque nation, en fit copier quelques-unes, et se les fit expliquer. Voici une chanson des Bratskis.

Kemnikhe borgossine nakholchadsi baineze,
Koltebakhem beemmene arikhin do galsaba,
Dallanaien adon doni zara serdi belele,
Abe tone baritsche koogotschine, mordonai,
Urtu zakhai termedene epzinoulam kou-yagbe :
Edsche tone baritsche koogotschine, mordonai,
Barion tala ollotone yerensie belele.
Abe tone gargaidsche koogotschine, mordonai,