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sées à l’effet de l’air, sont sujettes à s’altérer aussi, et même à prendre d’autres couleurs, suivant la nature de l’humidité qui s’est jointe à l’action de l’air. Il serait donc à souhaiter, selon Gmelin, que l’on connût toutes les espèces d’animaux dont on trouve des ossemens en Sibérie, avec autant de certitude que l’on reconnaît l’animal à qui appartiennent les prétendus os de mammouth. À l’égard de ceux qui paraissent indiquer un animal du genre des bœufs, cet animal ne serait-il point par hasard le bœuf musqué, que l’on trouve dans l’Amérique septentrionale ? Ces animaux sont plus petits que les bœufs d’Europe ; mais ils ont une laine admirable.

Les recherches ordonnées par Pierre 1er. procurèrent beaucoup de curiosités de ce genre. Un Slouschivie d’Yakoutsk trouva dans la terre, aux environs de l’Indighirsk, une corne torse provenant du narvhal. Ces cornes, reconnues depuis pour des dents, étaient anciennement fort estimées avant qu’on eût découvert que c’est la dépouille d’un animal marin. La corne, ou plutôt la dent du narvhal, a été prise long-temps pour la corne de la licorne, animal fabuleux ou dénaturé, soit par l’ignorance des hommes, soit par une équivoque de nom, telle qu’il s’en est trouvé dans toutes les anciennes langues. On faisait autrefois dans la médecine un cas singulier de cette corne ; on croyait qu’elle résistait à tous les poisons, quels qu’ils fussent, et qu’elle guérissait infailliblement les maladies contagieuses.