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y sont, et que ce sont des os d’éléphans. La grosseur de ces os varie. Gmelin rapporte qu’il y a des dents d’éléphans qui ont jusqu’à dix pieds de longueur, et qui pèsent cent, cent quarante et cent quarante-huit livres. Le squelette long de trente-six aunes, qui selon Strahlenberg, avait été vu par le peintre russe Remesoff, sur le lac Techana, ne pouvait être, selon lui que celui d’un éléphant[1]. La conservation de ces ossemens, dans les cantons voisins de la mer Glaciale, n’est pas plus surprenante que ce que La Peyrère rapporte du Groënland, que les morts, après trente ans, y sont aussi blancs et aussi frais que s’ils étaient morts depuis un instant. C’est à l’incorruptibilité causée par le froid excessif qu’il faut attribuer la raison pour laquelle il n’y a point de différence entre les ouvrages d’ivoire et ceux que l’on fait des cornes ou dents fossiles de Sibérie. Il est vrai qu’il s’en trouve de jaunâtres, ou qui jaunissent par la suite ; d’autres qui sont brunes comme les noix de cocos, et d’autres qui sont d’un bleu tirant sur le noir. Les dents qui n’ont pas été suffisamment frappées de la glace, qui leur fait comme une espèce de vernis, ou qui ont resté pendant quelque temps expo-

  1. Cette assertion n’est-elle pas un peu hasardée ? Les proportions connues des plus gros éléphans ne nous permettent pas de croire qu’il puisse y en avoir de trente-six aunes. Ne pourrait-ce pas être un autre animal ? N’y a-t-il pas des races éteintes ? Et avant tout, est-il certain qu’on ait vu un squelette de trente-six aunes ?