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restent jamais en chemin, pour rendre raison du sang que l’on croyait voir sur ces os, on a prétendu que le mammouth de la Sibérie vivait sous terre, qu’il y mourait même quelquefois, et se trouvait tout inhumé. Muller décrit ainsi le mammouth : « Cet animal a, dit-il, quatre ou cinq aunes de hauteur, et environ trois brasses de longueur ; sa couleur est grisâtre, sa tête fort longue et son front très-large. Il lui sort des deux côtés, au-dessus des yeux, des cornes qu’il remue et croise à son gré. Il a la faculté de s’étendre considérablement en marchant, et de se rétrécir en plus petit volume. Ses pates ressemblent par leur grosseur à des pates d’ours. » Isbrandz Ides est assez sincère pour avouer que, de tous ceux qu’il a questionnés sur cet animal, il n’a jamais trouvé personne qui lui ait dit avoir vu un mammouth vivant. Quant aux os fossiles qui ressemblent à ceux de l’éléphant, on ne saurait douter qu’ils ne soient réellement des dépouilles de cet animal. Si l’on n’hésite point à reconnaître pour de vrais monumens de l’antiquité toutes ces médailles que l’on déterre de temps en temps, pourquoi refuserait-on de croire à tous ces os d’éléphans ? Ces os, pour adopter ici l’expression de Fontenelle, sont des médaillons bien plus anciens, et plus certains peut-être encore que toutes les médailles grecques et romaines. Ces monumens répandus par toute la terre sont les plus fortes preuves d’une grande révolution que le globe a subie autrefois.