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pour mettre son art en réputation. » Sa plaie, qu’elle ne pansa que deux fois, fut entièrement guérie le sixième jour, et vraisemblablement sa jeunesse contribua beaucoup à cette prompte guérison. »

On vient de lire que la jeune sorcière signa sa déclaration ; c’est ce qui mérite d’être expliqué. Les Yakoutes n’ont point d’écriture particulière, et ne se servent non plus de celle d’aucune autre nation ; chacun se choisit un caractère dont il se sert au besoin, lorsqu’il s’agit d’attester par écrit quelque chose : l’interprète, qui signe en même temps, certifie que ce caractère est celui du Yakoute qui parle dans l’acte, et que son intention a été fidèlement conçue dans cet écrit : ces caractères ne sont pas réguliers ; ce sont toutes sortes de figures arbitraires.

C’est à Yakoutsk que nos voyageurs devaient trouver toutes les commodités nécessaires pour se transporter au Kamtschatka ; mais malgré les ordres dit sénat de Pétersbbourg, qui apparemment avait peu de puissance dans un tel éloignement, la chancellerie d’Yakoutsk ne leur fournit ni bâtimens ni équipages pour pouvoir se rendre à Okhotsk ; d’où l’on s’embarque sur la mer du Kamtschatka ; ils résolurent donc de prendre la route de Pétersbourg. « Considérant qu’il y avait déjà quatre années que nous étions partis de Pétersbourg, tandis qu’on nous avait fait espérer que notre voyage ne durerait en tout que cinq ans, nous com-