Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

juge bien que, sous un pareil ciel, les hommes sont souvent sujets à avoir des membres gelés : voici les indices du mal et les remèdes qu’on y apporte. Un membre qui vient d’être gelé n’a plus aucun sentiment, il n’y reste aucune trace de rougeur, et il est plus blanc qu’aucun autre endroit du corps. Pour rétablir la partie gelée, on conseille ordinairement de la frotter bien fort avec de la neige. Lorsqu’on commence à s’apercevoir que quelque sentiment y revient, on continue le frottement ; mais au lieu de neige, on use d’eau froide. Quand la congélation n’a pas duré bien long-temps, et n’est arrivée qu’en passant d’une maison à une autre, le remède le plus prompt est de bien frotter, le membre avec un morceau de laine. Ce moyen est en usage à Yakoutsk, et je l’ai moi-même éprouvé avec assez de succès ; mais, quand le membre a été gelé pendant un temps considérable, les frottemens avec la neige, avec l’eau froide et avec la laine, ne servent à rien. Il faut, dans ce cas, plonger d’abord le membre gelé dans la neige, ensuite dans l’eau froide, et l’y tenir très-long-temps, après quoi l’on en vient au frottement. Les Yakoutes, dont les Russes ont adopté la méthode, couvrent les membres gelés de fiente de vache, ou de terre glaise, ou de ces deux choses mêlées ensemble en même temps. On prétend que ce remède dissipe peu à peu l’inflammation du membre gelé, et lui rend la vie : il est encore regardé comme un bon préservatif. La