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avait été bien ou mal essuyé, il n’en savait rien. Sur mon observation, le mercure fut ôté du baromètre, et si bien essuyé, qu’étant remis dans son tube par un froid bien plus considérable, on n’y vit plus la plus petite parcelle de glace. Depuis, pendant la continuation du froid et pendant toute la durée d’un autre, beaucoup plus vif, qui survint ensuite, on exposa du mercure à l’air dans des vases plats, bien ouverts et tournés au nord, mais on ne s’aperçut jamais qu’il s’y formât la moindre glace. Je suis donc bien éloigné d’alléguer cette prétendue congélation du mercure comme une preuve de la rigueur du froid qu’il fait dans ces climats. De plus, les habitans m’assurèrent que le plus grand froid de cet hiver n’approchait pas de celui qu’ils avaient essuyé dans certaines années : on raconte même qu’il y eut un hiver où le froid fut à un tel degré, qu’un vayvode, en allant de sa maison à la chancellerie, qui n’en était éloignée que d’une centaine de pieds, quoiqu’il fût enveloppé dans une longue pelisse, et qu’il eût un capuchon fourré qui lui couvrait toute la tête, eut les mains, les pieds et le nez gelés, et qu’on eut beaucoup de peine à le rétablir de cet accident. Pendant l’hiver que nous passâmes à Yakoutsk, le thermomètre marquait quelquefois 240 degrés au-dessous de zéro, selon la division de M. de Liste : ce qui faisait environ 72 degrés de même au-dessous de zéro, selon le thermomètre de Fahreneit. On