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» À l’occasion de quelques déserteurs de notre troupe, qu’avait effrayés l’expédition au Kamtschatka, et qui nous abandonnèrent, j’appris une superstition des Sibériens que j’ignorais. Lorsqu’on ouvrit le sac de voyage d’un de ces déserteurs que l’on avait arrêtés, on y trouva entre autre choses un petit paquet rempli de terre. Je demandai ce que c’était : on me dit que les voyageurs qui passaient de leur pays dans un autre étaient dans l’usage d’emporter de la terre ou du sable de leur sol natal, et que partout où ils se trouvaient, ils en mêlaient un peu dans l’eau qu’il buvaient sous un ciel étranger ; que cette précaution les préservait de toutes sortes de maladies, et que son principal effet, était de les garantir de celles du pays. En même temps on m’assura que cette superstition ne venait pas originairement de Sibérie, mais qu’elle était établie depuis un temps immémorial parmi les Russes mêmes.

» Sur les bords du Vitim, j’eus envie de visiter, dès le jour même de mon arrivée ; les mines de mica qui étaient dans le voisinage, et tous mes compagnons ayant la même curiosité que moi, nous nous mîmes en route : nous ne vîmes pourtant point de mines, mais seulement quelques ouvertures faites dans un rocher qui s’élevait sur les bords du ruisseau, et où l’on ne travaillait que depuis trois semaines. Le mica se trouve dans une pierre grise, mêlée de quartz jaune pâle. Il ne s’étend pas par veines ; il est dispersé par blocs de différens