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donnent un signal public. Ceux qui savent lire et qui sont capables d’expliquer l’Alcoran sont considérés, et portent le nom de mollahs.

La manière dont le mahométisme s’est établi dans le Cachegar mérite d’être rapportée. Un des rois mongols, descendans de Gengis-khan, fit venir un cheik ou docteur musulman, et lui dit : « Il y a dans notre nation un homme d’une force extraordinaire; si le cheik a la hardiesse de lutter contre lui, et la force de le renverser, j’embrasserai sa religion ; autrement je m’en garderai bien. » Le cheik s’approchant du Mongol, lui donna un coup du revers de sa main sur l’estomac, et le fit tomber à terre où il demeura sans mouvement. Celui-ci s’étant enfin relevé, se jeta aux pieds du cheik, et lui déclara qu’il était prêt à se faire musulman. Le roi fit la même déclaration, et tous les Mongols, ses sujets, au nombre de cent soixante mille, furent convertis par ce merveilleux événement.

On ignore encore si la petite Boukharie a été primitivement peuplée par les Tartares, les Indous, les Mongols, ou les Tadjiks, qui sont les habitans actuels. Toutes ces races y sont mêlées aujourd’hui. Le pays fut, à ce qu’il paraît, long-temps partagé entre plusieurs souverains indépendans. Vers l’an 626, il fut soumis par les empereurs chinois de la dynastie des Tang. Un siècle après, les Arabes cherchèrent à s’y établir. Les Thibetains eurent plus de