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ce qui provient en partie de ce que le renne, en marchant, élargit considérablement la sole de ses pieds, en partie de ce qu’il tient cette sole élevée par-devant et ne touche point la neige à plat. Si les rennes ne suffisent pas pour porter tous les ustensiles, le Tongouse s’attelle lui-même au traîneau. Dès qu’ils sont arrivés à l’endroit où ils ont résolu de se fixer pour quelque temps, après avoir dressé l’yourte, ils chassent aussitôt dans les environs en courant sur leurs larges patins. Lorsqu’ils ne trouvent plus de gibier, ils passent avec leur famille dans un autre canton, et ils continuent cette façon de vivre pendant tout l’hiver. Le meilleur temps pour la chasse est depuis le commencement de l’année jusque vers le mois de mars, parce qu’alors il tombe peu de neige, et que les traces des animaux y restent plus long-temps. En été et en automne, ils se nourrissent presque uniquement de poisson, et dressent alors pour cet effet leurs yourtes sur le bord des rivières.

» Les Tongouses se construisent des barques fort étroites à proportion de leur longueur, et dont les deux bouts finissent en pointe ; leurs plus grosses barques ont à peine seize pieds de longueur, et une arschine dans leur plus grande largeur, qui est le milieu ; les petites barques sont longues d’environ cinq pieds, et ont six verschoks[1] de largeur. Elles

  1. Un verschok est la seizième partie d’une arschine ; l’arschine est une mesure de trois pieds de France.