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l’ouest, et si étroite, qu’en y comprenant la rivière, elle n’a pas cent brasses de largeur : sa longueur est à peu près d’une verste.

» Toutes les maisons des habitans sont très-misérables ; il ne faut pas s’en étonner, c’est le pays de la paresse : on n’y fait presque autre chose que boire et dormir. Toute l’occupation des habitans se borne à tendre des piéges aux petits animaux, à creuser des fosses pour attraper les gros, et à jeter du sublimé aux renards ; ils sont trop paresseux pour aller eux-mêmes à la chasse. Quelques-uns vivent d’un petit troupeau que leurs pères leur ont laissé, et se gardent bien de cultiver eux-mêmes la terre ; ils louent pour cela des Russes qui sont exilés dans ce canton, et quelquefois des Tongouses, qu’ils frustrent ordinairement de leur salaire.

» Les Tongouses, pendant l’hiver, ne vivent que de leur chasse, et c’est pour cela qu’ils changent si souvent d’habitation. Les rennes leur servent alors de bêtes de somme ou d’attelage pour tirer un léger traîneau. Ils leur mettent sur le dos une espèce de selle formée avec deux petites planches étroites, longues d’un pied et demi ; ils y attachent leurs ustensiles, ou font monter dessus les enfans et les femmes malades. On ne peut pas beaucoup charger les rennes, mais ils vont fort vite. Leur bride consiste en une sangle qui passe sur le cou de l’animal ; quelque profonde que soit la neige, il passe par-dessus sans jamais enfoncer :