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Les Chinois qui viennent à Kiakta, nom de la slobode, sont de la plus vile condition : ils ne connaissent que leur commerce ; du reste, ce sont des paysans grossiers. Ils ont à leur tête une espèce de facteur envoyé du collége des affaires étrangères de Pékin ; il est changé tous les deux ans. Il discute non-seulement toutes les contestations des Chinois, mais encore celles qui surviennent entre eux et les marchands russes ; et, dans le dernier cas, il agit de concert avec le commissaire de Russie.

» La ville de Selinghinsk, bâtie en 1666, est située sur la rive occidentale du Selinga ; ce ne fut d’abord qu’un simple ostrog, selon l’usage du pays. Environ vingt ans après, on construisit la forteresse qui subsiste encore, et ce lieu lui doit son accroissement. La ville s’étend le long de la rivière, et a environ deux verstes de longueur ; mais elle est étroite. La manière de vivre des habitans diffère peu de celle des Bratskis. Ils mangent tranquillement ce qu’ils trouvent, et prennent surtout beaucoup de thé. Trop paresseux pour ramasser un peu de fourrage qui nourrisse leurs bestiaux, ils les laissent courir l’hiver et l’été, pour chercher à paître où ils peuvent. Il y a dans la ville quelques boutiques, mais où l’on ne trouve presque rien ; ils aiment mieux rester couchés derrière leurs poêles pendant cinquante-une semaines que de se donner la moindre peine pour gagner quelque chose. Enfin, la cinquante-deuxième, ils vont à Kiakta,