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l’une russe, l’autre chinoise, sont établies sur cette frontière, dans le terrain le plus aride, puisque c’est une misérable steppe qui ne produit rien ; de sorte qu’on n’y trouve point de quoi nourrir ni abreuver les chevaux. Aussi tout y est d’une cherté extraordinaire.

» Les slobodes sont bâties depuis 1727. La slobode russe est au nord, et l’autre au midi : elles ne sont qu’à six cents pieds l’une de l’autre. Entre les deux postes, mais plus près de la slobode chinoise, on voit deux colonnes de bois hautes d’environ une brasse et demie ; sur celle qui est en-deçà on lit en caractères russes, slobode du commerce de la frontière russe ; sur l’autre, qui n’en est éloignée que d’une brasse, on voit quelques caractères chinois.

» Entre les deux slobodes, dans les montagnes, il y a des gardes posées pour empêcher de part et d’autre que personne ne viole les frontières.

» Quant au commerce qui se fait ici, les marchands russes y ont du drap, de la toile, des cuirs de Russie, de la vaisselle d’étain, et toutes sortes de pelleteries qu’ils vendent en cachette. Les Chinois, que les Russes appellent naïmantchins, marchands, y apportent différentes soieries, telles que des damas de toute espèce, des satins de toute qualité, des gazes, des crêpes, une sorte d’étoffe de soie sur laquelle sont collés des fils d’or à l’usage des ecclésiastiques et des comédiens ; des cotonnades de diverses sortes, des toiles, du velours, du