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dit que, si l’on se défaisait du veau, la vache ne donnerait plus de lait : c’est le langage que les paysans tiennent dans toute la Sibérie. Si le veau vient à mourir ou à être vendu, voici ce qu’on fait pour tromper la vache : on empaille la peau d’un veau, et quand on veut avoir du lait de la mère, on lui montre cette effigie ; elle en donne alors, et non autrement.

» Partis de là, nous vîmes deux chaînes de montagnes entre lesquelles il fallut passer, et que le Selinga traverse. Nous fîmes encore, pendant deux ou trois jours, une marche assez pénible, partie à travers des montagnes, partie sur le Selinga, partie dans des steppes arides, la difficulté d’avoir des chevaux renaissant à chaque station par la mauvaise volonté des gens du pays.

» Arrivés à Selinghinskoi, nous fîmes nos dispositions pour le voyage que nous voulions entreprendre à la frontière de la Chine, telle qu’elle fut réglée en 1727 par le commissaire impérial, le comte Sava Vladislavitz Ragousinski. Cette frontière était autrefois reculée jusqu’à la rive du Boura, qui est environ à huit verstes au sud : c’était au-delà de cette rivière que les Chinois recevaient les ambassadeurs de Russie. Or, il est certain que cette frontière était beaucoup plus avantageuse aux Russes que la nouvelle, qui est arbitraire et tirée par la steppe à travers des montagnes où l’on ne voit d’autres limites que des pierres appelées mayakes, et marquées de quelques chiffres. Deux slobodes