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que de bien vivre. Quand ils veulent se reposer ou dormir, ils se couchent dans leur yourte autour du foyer, dans une posture singulière : ils se rangent deux à deux, de façon qu’ils se touchent par le dos, et que leurs jambes sont passées les unes dans les autres. Ainsi, quand un dormeur se retourne d’un autre côté, l’autre se retourne en même temps du côté opposé, pour se trouver toujours adossé et entrelacé de la même manière ; ce qui se fait très-prestement de part et d’autre. Ces mêmes Tartares, au lieu de pain, mangent aussi des ognons ou d’autres espèces de plantes, et dédaignent l’agriculture. Leur exercice continuel est la chasse des zibelines, qu’ils font de différentes façons. Quand l’animal ne sait plus de quel côté tourner, il monte sur un arbre fort haut, et les Tartares y mettent aussitôt le feu. L’animal, que la fumée incommode, saute en bas de l’arbre, se prend dans un filet tendu alentour, et est tué.

» Aux environs de l’ostrog de Balakhanskoï habite un grand nombre de Bourætes, qui négligent la culture des terres, et ne vivent que du commerce de leurs bestiaux. Leurs bœufs sont fort estimés. Contre l’usage général, les Bratskis de ce canton exercent un art dans lequel ils ne réussissent pas mal. Ils savent si bien incrustrer dans le fer l’argent et l’étain, qu’on prendrait ce travail pour de l’ouvrage damasquiné. La plupart des harnois des chevaux, des ceinturons et des ustensiles qui en