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fainéantise et la débauche, corrompent tout.

» Ce que les voyageurs avancent du froid qu’on ressent en Sibérie n’est point exagéré : car à la mi-décembre il fut si violent, que l’air même paraissait gelé. Le brouillard ne laissait pas monter la fumée des cheminées. Les moineaux et autres oiseaux tombaient de l’air comme morts, et mouraient en effet, si on ne les portait sur-le-champ dans un endroit chaud. Les fenêtres, en dedans de la chambre, en vingt-quatre heures étaient couvertes de glaces de trois lignes d’épaisseur. Dans le jour, quelque court qu’il fût, il y avait continuellement des parhélies, et dans la nuit des parasélènes ou des couronnes autour de la lune. Le mercure descendit, par la violence du froid, à 120 degrés de Fahrenheit (40°), et plus bas par conséquent qu’on l’eût observé jusqu’alors dans la nature.

» Il y a dans le territoire d’Yeniséik deux portes d’Ostiakes, ceux de Narim et d’Yeniséi ; ensuite les Tongouses, qui demeurent sur le Tongouska et sur le Tschoun ; et enfin les Tartares d’Assan, qui habitent les bords de l’Oussolka et de l’Ona. Les Ostiakes et les Tartares d’Assan vivent dans la plus grande misère ; les premiers sont tous baptisés. Il ne restait plus qu’environ une douzaine de ces Tartares, dont à peine deux ou trois savaient leur langue. C’était autrefois une tribu très-considérable. Jusqu’à présent on n’a pu parvenir d’aucune façon à convertir les Tongouses