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que la grande muraille fournissait en temps de guerre, elle était considérée par les Chinois, même en temps de paix, comme un grand avantage, parce que leurs mœurs réglées et leur vie sédentaire s’accordent peu avec les inclinations inquiètes et vagabondes de leurs voisins septentrionaux ; et la grande muraille les empêchait d’avoir aucune communication avec eux. Elle n’est pas même sans utilité pour écarter des provinces les plus fertiles de la Chine les bêtes féroces qui infestent les déserts de la Tartarie, non plus que pour fixer les limites des deux pays, et empêcher les malfaiteurs de s’échapper de la Chine, et les mécontens d’émigrer.

La grande muraille est devenue d’une bien moindre importance depuis que les deux pays qu’elle sépare sont soumis au même prince. Les Chinois ne la regardent qu’avec une profonde indifférence ; mais cet immense monument de l’industrie humaine a été remarqué par tous les étrangers qui l’ont vu.

Cependant Marc-Pol, le premier Européen qui ait parlé de la Chine, ne fait aucune mention de la grande muraille. Comme il alla par terre à Pékin, on a supposé qu’il avait dû traverser une partie du territoire sur lequel la muraille s’étend. Mais une lecture attentive de sa relation fait voir qu’il ne traversa point la Tartarie pour se rendre à Pékin. Après avoir suivi la route des caravanes jusqu’à Samarcande et Cachegar, il tourna droit au sud-est, passa le Gange, et entra dans le Bengale. De là di-