la pointe du couvercle d’argile de la grande chaudière où le lait a bouilli, et répand dessus quelques gouttes de la liqueur. Il remplit ensuite de cette boisson chaude des jattes qui tiennent environ une pinte ; il les présente à la compagnie, en commençant par le plus âgé, et ainsi de suite, sans avoir égard au sexe. Deux ou trois jattes pareilles suffisent pour griser. Celui qui s’enivre avec cette boisson est presque fou pendant deux jours, et il lui en faut plusieurs pour se remettre.
En général, ces peuples sont si passionnés pour les liqueurs fortes, que ceux qui peuvent s’en procurer ne cessent pas d’en boire aussi long-temps qu’ils sont capables de se soutenir. Lorsqu’ils veulent se réjouir, chacun apporte la provision qu’il a recueillie, et l’on se met à boire jour et nuit jusqu’à la dernière goutte. Cette passion semble croître à proportion qu’on avance vers le nord. Les Kalmoulks n’en ont pas moins pour le tabac.
Ils appellent bousah le résidu de la distillation du lait ; il est extrêmement acide ; ils l’emploient à différens usages ; ils le mangent au sortir de la chaudière, mêlé avec du lait frais ; ils s’en servent aussi pour la préparation des peaux de moutons et d’agneaux. Lorsque l’eau-de-vie est faite avec du lait de vache, ils font cuire ce résidu jusqu’à ce qu’il s’épaississe ; ils le mettent ensuite dans des sacs, après l’avoir bien pressé et exprimé, coupent ce fromage par petits morceaux, ou bien en forme de pe-