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du gouvernement avait embarrassé les pas des voyageurs avides d’instruction, et les doux accens de la liberté et de la civilisation furent bégayés par des races auxquelles l’Europe n’avait presque apporté encore que le despotisme et une superstition grossière. Des voyageurs anglais, par dévouement pour la science, plus encore que par l’espoir des récompenses qui les attendaient, affrontèrent tous les périls pour pénétrer dans l’intérieur toujours inconnu de l’Afrique ; des malheurs particuliers même tournèrent au profit de la géographie, et plusieurs naufrages qui ont eu lieu sur les côtes de ce continent inhospitalier, ont procuré des renseignemens intéressans sur les routes et les places de commerce ; mais ils justifient l’opinion que l’on s’était formée sur la férocité des mœurs des peuples africains. La voix de l’humanité fut assez forte pour engager, enfin, les Européens à renoncer à ce trafic de nègres, dont la barbarie les assimilait aux hordes des déserts.

La vaste domination à laquelle les Anglais étaient parvenus dans l’Inde les mit à même de produire un grand nombre de beaux ouvrages sur ce berceau antique des arts et des fables. Ils firent explorer aussi la partie de la Nouvelle-Hollande où leur colonie, peuplée de malfaiteurs européens, fait des progrès si rapides vers les arts de la civilisation. Le chirurgien Bass avait trouvé en 1795 le détroit qui sépare cette vaste île de celle de Diemen, et le capitaine Flinders visita les côtes de la plus petite de