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mander personnellement dans une île si pauvre, et laissent volontiers prendre aux Nègres leurs noms et leurs titres. Gomerès présenta au capitaine anglais quelques courges, une papaye et des bananes, avec un gâteau composé de bananes et de maïs. Roberts lui ayant demandé ce qu’il exigeait de sa reconnaissance pour tant de faveurs, il répondit qu’il serait fort satisfait de son amitié, et que tous les autres habitans n’avaient pas d’autre prétention, à la réserve du prêtre, qui ne cesserait pas, suivant sa coutume, de lui faire beaucoup de demandes ; mais qu’ils le prévenaient là-dessus, afin qu’il ne se laissât pas tromper. Roberts lui dit qu’à son retour en Angleterre, il ne manquerait pas de se louer beaucoup de ta générosité des Nègres, pour engager ses compatriotes à venir souvent dans leur île. Gomerès répondit que malheureusement l’île ne produisait rien d’avantageux au commerce ; que son père et d’autres Nègres fort anciens se souvenaient d’y avoir vu des étrangers qui leur avaient dit qu’elle était fort pauvre, et que non-seulement ses habitans étaient fort misérables, mais que leur misère était la raison qui empêchait les vaisseaux de les visiter.

Pendant cet entretien, Roberts observa un Nègre qui paraissait prêter l’oreille avec une attention extraordinaire ; et, jetant les yeux plus particulièrement sur lui, il crut remarquer qu’il ne ressemblait pas aux Nègres de Guinée, mais qu’il était basané comme les Arabes des parties méridionales de Barbarie, et qu’il avait les che-