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roïsme qui naît toujours des entreprises extraordinaires et des grandes découvertes, à l’avantage que donnent à des conquérans l’orgueil de leurs premiers succès et le sentiment de leur supériorité sur un ennemi dont ils ont reconnu la faiblesse ; à l’intrépidité qu’inspire le désir des richesses à des hommes qui ont abandonné leur patrie et essuyé tant de périls pour venir chercher si loin la fortune ; enfin, si l’on considère combien de fois la discipline, le talent de diriger l’artillerie et de manier les armes à feu, ont donné la victoire aux armées d’Europe sur des multitudes de Turcs, peuples fort supérieurs aux Indiens pour la bravoure, on trouvera croyable tout ce qui est raconté des Portugais ; on admirera leur valeur et leurs exploits, en regrettant d’y voir trop souvent les caractères de l’usurpation et du brigandage.

La fortune des Portugais ne se démentit point. Pachéco, dans trois différens combats, coula à fond près de deux cents pares, et tua près de deux mille hommes ; et, se rapprochant du rivage, il tourna son canon contre un corps de quinze mille hommes qui s’étaient rassemblés autour du samorin, et qui fut aussitôt dissipé. Cependant le samorin, résolu de venger ses pertes, redoubla tous ses efforts pour forcer le passage de la rivière de Vaïpi. Il n’y fut pas plus neureux qu’auparavant. L’infatigable Pachéco s’y était porté. Il y fit des prodiges de valeur. Ses habits étaient couverts