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L’intelligence avec laquelle il récitait déjà dans son enfance les vers, lui attira la bienveillance du proviseur du collége d’Harcourt ; il obtint une bourse dans ce collége, et y fit de brillantes études. Le prix d’honneur lui fut décerné en rhétorique : présage de ses succès dans ce genre sur un plus grand théâtre. Une injustice qu’il essuya vers la fin de sa carrière scolastique était faite pour lui inspirer cette aigreur qu’il ne montra que trop souvent dans ses démêlés littéraires. Accusé d’avoir fait des couplets satiriques contre le proviseur son bienfaiteur, il fut puni, non pas par le collége, mais par la police, et enfermé six mois à Bicêtre et au fort l’Évêque. Il est convenu dans la suite d’avoir fait des couplets contre des gens du collége, mais il a déclaré n’en avoir jamais composé contre des personnes à l’égard desquelles il avait des devoirs à remplir. Il est très-probable que les couplets contre le proviseur avaient été ajoutés par quelque autre écolier. Avant de procéder criminellement contre un jeune homme sans protection, il aurait donc fallu d’abord s’assurer de la vérité du fait ; mais c’est de quoi on ne s’embarrassait guère sous le règne du voluptueux Louis xv. Marmontel ne fut-il pas également enfermé pour des couplets (mais qu’il n’avait pas faits), qui tournaient en ridicule un gentilhomme de la chambre ? Cette prison dut faire naître de sérieuses réflexions chez le jeune Laharpe ; et peut-être fut-ce pour avoir été victime du régime arbitraire, qu’il se rangea, en sortant de captivité, sous la bannière des écrivains qui demandaient la réforme des abus et le respect pour les droits de l’humanité.

À l’âge de vingt ans il débuta dans la carrière