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Ne vous y trompez pas : le temps, le péril presse. [765]

Souffrez que l'amitié qui pour vous m'intéresse

Retrace à vos regards ce que vous oubliez.

C'est votre fille, hélas ! Que vous sacrifiez.

Je viens de lui parler : cette âme douce et pure

Épanchait ses chagrins sans fiel et sans murmure [770]

Et sans vous accuser déplorait son malheur,

De toutes les vertus le germe est dans son coeur.

Sous les yeux paternels ce germe s'en va croître ;

Ah ! Ne l'étouffez pas dans les ennuis du cloître.

Pourquoi vous refuser la douceur d'en jouir ? [775]

Loin de le cultiver, pourquoi l'ensevelir ?

Votre fille en naissant enlevée à son père,

Si vous la connaissiez, vous deviendrait plus chère.

Elle va devant vous paraître toute en pleurs ;


Vous ne soutiendrez point l'aspect de ses douleurs. [780]

Elle a pour le couvent une invincible haine ;

Et n'imaginez pas que le temps la ramène.

Cette horreur est trop forte, et c'est un sentiment

Dans le fond de son cœur gravé profondément.

Ce zèle qui du monde à jamais nous sépare, [785]

Est peut-être du ciel le présent le plus rare.

Quand vous verrez ses jours au désespoir livrés,

Vous en serez la cause, et vous en gémirez.

Il ne sera plus temps.

MONSIEUR DE FAUBLAS

Je ne saurais comprendre

Les soins inopinés qu'ici vous daignez prendre. [790]

Je vous avais prié de raffermir un cœur