accroître avec ma flamme.
C'est de ce lieu fatal l'inévitable effet ;
Pourquoi m'y meniez-vous ?... Que vous avais-je fait !... [700]
Ciel ! Ai-je mérité ce reproche barbare ?
Pouvez-vous oublier ? ...
Pardonnez ; je m'égare.
Pardonnez à ce cœur ; il vous est bien connu ;
Il ressent vos bontés ; combien il eut voulu !...
Je n'ose me fier à votre impatience. [705]
Écoutez. Nous avons encore quelque espérance.
Comment ! Que dites-vous ? N'abusez point mon cœur !
Ne vous trompez-vous pas ? Parlez... par quel bonheur
Tous mes sens sont saisis et de crainte et de joie.
Il nous reste un secours que le ciel nous envoie. [710]
Notre digne pasteur, ce mortel révéré,
À servir l'infortune en tout temps préparé,
Est instruit en secret du chagrin qui m'accable ;
Il prête à mes desseins son crédit secourable.
Il vient de voir ma fille ; il a lu dans son cœur. [715]
Comme moi de son père il blâme la rigueur.
Il pense que hâter les vœux de Mélanie,
C'est vouloir hasarder son salut et sa vie.
Il prétend obtenir au moins quelques délais,
Qui pourraient nous conduire à de plus grands succès. [720]
Peut-être que son nom et son saint ministère,
Le poids de ses discours, sa vertu qu'on révère,