Page:La Harpe-Œuvres. Vol 1-1821.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

accroître avec ma flamme.

C'est de ce lieu fatal l'inévitable effet ;

Pourquoi m'y meniez-vous ?... Que vous avais-je fait !... [700]

MADAME DE FAUBLAS

Ciel ! Ai-je mérité ce reproche barbare ?

Pouvez-vous oublier ? ...

MONVAL

Pardonnez ; je m'égare.

Pardonnez à ce cœur ; il vous est bien connu ;

Il ressent vos bontés ; combien il eut voulu !...

MADAME DE FAUBLAS

Je n'ose me fier à votre impatience. [705]

Écoutez. Nous avons encore quelque espérance.

MONVAL

Comment ! Que dites-vous ? N'abusez point mon cœur !

Ne vous trompez-vous pas ? Parlez... par quel bonheur

Tous mes sens sont saisis et de crainte et de joie.

MADAME DE FAUBLAS

Il nous reste un secours que le ciel nous envoie. [710]

Notre digne pasteur, ce mortel révéré,

À servir l'infortune en tout temps préparé,

Est instruit en secret du chagrin qui m'accable ;

Il prête à mes desseins son crédit secourable.

Il vient de voir ma fille ; il a lu dans son cœur. [715]

Comme moi de son père il blâme la rigueur.

Il pense que hâter les vœux de Mélanie,

C'est vouloir hasarder son salut et sa vie.

Il prétend obtenir au moins quelques délais,

Qui pourraient nous conduire à de plus grands succès. [720]

Peut-être que son nom et son saint ministère,

Le poids de ses discours, sa vertu qu'on révère,