Page:La Harpe-Œuvres. Vol 1-1821.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

M'ont inspiré pour lui dans cette occasion

Plus de mépris encor que d'indignation.

Je n'ai rien obtenu, ni du fils ni du père.

MONVAL

Le plus coupable encor c'est cet indigne frère. [650]

Lui seul jouit du mal que pour lui l'on commet ;

Son hymen, sa fortune est le prix d'un forfait.

Il s'enrichit des pleurs de sa sœur qu'on opprime ;

Il s'en repaît ; il boit le sang de la victime.

Et c'est un frère. Ô ! Ciel ! Lui que vous implorez !... [655]

Existe-t-il des cœurs ainsi dénaturés ?

Et... Vient-il contempler cette fête cruelle ?

MADAME DE FAUBLAS

Ah ! Vous me rappelez une alarme nouvelle.

D'Orcé doit s'y trouver, D'Orcé qui de mon fils

A senti d'autant plus les orgueilleux mépris, [660]

Que lui-même a longtemps brigué cet hyménée,

Qui de l'heureux Melcour fonde la destinée.

On doit haïr sans doute un rival, un vainqueur

Qui joint à ses succès l'insulte et la hauteur.

Leur rencontre en ces lieux pourrait être funeste. [665]

Mais vous qui vous amène et quel espoir vous reste ?

Pourquoi venir chercher ce spectacle odieux ?

MONVAL

Je veux de mon malheur m'assurer par mes yeux,

Voir l'affreux sacrifice et tout ce qu'il m'enlève !