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Pourquoi vouloir tromper votre cœur et le mien ?

Réunissons nos maux, qu'ils soient notre entretien. [620]

Un tyrannique époux vous défend d'être mère.

Eh ! Soyez-le avec moi.

MADAME DE FAUBLAS

Que prétendez-vous faire ?

Vous voyez mes chagrins ; pourquoi donc les aigrir.

Monval, mon cher Monval, ils me feront mourir.

De Monsieur De Faublas l'humeur est inflexible. [625]

À la fortune seule il se montre sensible ;

Elle est le seul objet dont il paraisse épris,

Et le cœur est un mot qu'il n'a jamais compris.

Non qu'il soit né méchant ; il est dur et sévère.

Il l'est par son état et par son caractère. [630]

De calculs d'intérêt il est tout occupé

Et de tous nos chagrins il est bien peu frappé.

Il n'y voit rien qu'erreur, que faiblesse, qu'enfance ;

Ce n'est qu'à ses projets qu'il voit de l'importance.

Autant qu'on le pouvait, je les ai combattus ; [635]

Je m'y suis opposée ; et que puis-je de plus ?

Faut-il que la discorde entre nous se signale ?

Que je donne au public des scènes de scandale ?

Que je me fasse en vain un monde d'ennemis

Dans un parti puissant qui protége mon fils ? [640]

Mon fils ! à quel effort la douleur m'a forcée !

Devant lui sans succès je me suis abaissée.

Je l'avais conjuré de parler pour sa sœur.

Sa réponse équivoque et sa fausse douceur,

Ses protestations de zèle et de tendresses, [645]

Ses regrets affectés et ses froides promesses,